Journal d'Infos et Culture Libertaire,

se veut dans la continuité des fanzines, de la scène alternative et du cinéma indépendant autogéré. Il est dans la mouvance anartiste et anarcho-surréaliste.

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RACONTEZ-MOI de Marzia Celii et Mélanie Foulon

 

Avec Marzia Celii
Mise en scène : Mélanie Foulon
Écriture : Marzia Celii et Mélanie Foulon
Aide à la dramaturgie Alexis Rime
Lumières Estelle Becker
Musique originale « Come Roma » Marzia Celii
Création costume (queue-de-pie) : Tullia Celii (Celii Couture)
Finitions costume : Giovannina & Stefania
Captation : Mei Fa Tan
Musique (teaser) : Marzia Celii
Mixage musique (teaser) : Loric Mathez

Une mamma italienne qui aspirait à devenir star, un psy qui ne tient pas le secret professionnel, … autant de personnages qui ont en commun d’avoir croisé la route de la chanteuse Marzia, et qui pensent avoir un rôle à jouer dans son succès.
À travers leur récit, ils se racontent malgré eux.
Un seule en scène ludique et sensible sur la construction de soi ; Marzia se glisse dans 7 autres peaux que la sienne, peut-être pour mieux se dévoiler.

« Ce n’est pas elle, c’est elle ». (« c’est pas lui, c’est lui ») Qui ne s’est pas sentie visée, un jour, en entendant parler de soi par d’autres personnes qui vous croyaient absente ? Alors cette « elle » qui serait vous et pourtant pas vous puisque vous, vous êtes en chair et en os et pas une abstraction, oui cette « elle » en devenant la désignée pourrait rejoindre la multitude des « elles » dont on parle en leur absence. Comment se situer, trouver sa place parmi ces « elles ».
Tout de même, vous ne pouvez pas vous confondre avec cette « elle » qui devient l’objet d’un discours auquel vous ne participez pas puisqu’on parle de vous en votre absence, et bien entendu vous n’êtes pas censée avoir eu cure de ce discours ou de l’avoir entendu.

Marzia Celii a de multiples cordes à son arc puisqu’elle est comédienne ainsi qu’autrice-compositrice-interprète dans le duo Marzella où elle s’est produite au Montreux Jazz Festival, Cully Jazz Festival mais aussi à l’étranger, notamment en Slovanie.

Son seule en scène résonne comme un défi car pourrait-on presque penser, Marzia la chanteuse se prend pour cible à travers les discours d’autres personnages qu’elle interprète elle-même.
Et ça marche ! « Je est un autre » disait déjà Rimbaud. A vrai dire quand ce « je » a la prestance de Marzia CELII, il brille et fascine par son tout à la fois hardiesse et humilité, il interpelle par sa joyeuse vitalité !

Evelyne Trân

Le 18 Avril 2024

Le 9.11.2024 au Centre Culturel LE ROYAL Grand Rue 28, Tavannes, Suisse.
Le 28.11.2024 au Centre Pluriculturel et Social d’Ouchy à Lausanne, Suisse.
Le spectacle a eu lieu récemment au Guichet Montparnasse 15, rue du Maine 75014 PARIS du 2 au 25 Février 2024

 

Livres:

Une Espagne qui a du mal avec un passé douloureux

 

Dans son livre Juger Franco? récemment paru aux éditions La Découverte, l’historienne Sophie Baby développe un argumentaire qui tâche de répondre à une question : comment se fait-il que l’Espagne ne soit toujours pas capable aujourd’hui d’être en mesure de condamner unanimement le régime franquiste ?
Après avoir imposé sa dictature pendant près de 40 ans, Francisco Franco est mort tranquillement dans son lit, sans avoir eu à rendre compte des dizaines de milliers d’exécutions commises sur ses ordres et sous son autorité. Bientôt 50 ans après sa mort (le 20 novembre 1975) et c’est toujours l’impunité pour son régime, toujours le négationnisme de ses partisans et toujours le combat mémoriel de ses opposants.

 

Sophie Baby décortique les aspects des combats juridiques et mémoriels menés contre le déni de justice concernant le dictateur. C’est une enquête pour comprendre pourquoi Franco ne fut jamais jugé et pourquoi le franquisme n’est toujours pas condamné dans une Espagne actuelle « démocratique » et intégrée à l’Union Européenne.
L’autrice ne manque pas de rappeler que dès les années 1940 et 50 les opposants à Franco, pour la plupart exilés principalement en France et en Amérique latine, exigeaient (en vain) justice et réparation pour tous les crimes perpétrés sous sa dictature. Sa mort ne résolut rien, la période dite de « Transition » ne fut qu’une suite de renoncements de la grande majorité des organisations d’opposition en échange de leur légalisation, par une sorte de « pacte du silence », notamment avec la Loi d’amnistie de 1977 ; amnistie surtout pour les franquistes et leurs successeurs alors toujours en place dans les structures de l’État, ce qui posait une autre question : « qui amnistiera l’amnistiant ? »

Quelle mémoire collective?
Sophie Baby souligne l’importance de la mémoire collective et recense toutes les tentatives légales et les combats pour la justice et la reconnaissance des victimes. Elle ne manque pas de rappeler l’évolution des nations « démocratiques » vis à vis du régime franquiste : d’initiatives comme le « Tribunal contre la répression franquiste » en 1972, ou la « Journée officielle de condamnation du régime franquiste » en 2006 (mais non approuvée par le Parlement Européen), jusqu’à l’instauration récemment d’une journée (chaque 8 mai) pour commémorer les « Victimes de l’exil ». Sans oublier certaines initiatives individuelles comme celle du fameux juge Baltasar Garzón dont la procédure engagée en 2006 dans le cadre de la Loi sur la Mémoire historique, pour qualifier les exactions du régime franquiste de « crimes contre l’humanité » lui vaudra une plainte déposée par… des groupes d’extrême-droite. Il dut renoncer et fut suspendu de ses fonctions.

Inutile de dire que chaque initiative de ce type suscite la fureur de la droite et l’extrême-droite espagnoles. Tout comme l’exhumation des fosses communes qui ont lieu surtout depuis deux décennies principalement menées par certaines communautés, villes ou associations mémorielles, le gouvernement étant beaucoup plus frileux sur le sujet ( histoire de ne pas perdre une partie de l’électorat).

Deux bémols dans ce livre (avis tout personnel) : les très nombreuses notes auraient gagné à être publiées à la fin de chaque chapitre plutôt qu’être toutes regroupées à la fin de l’ouvrage. D’autre part l’autrice s’est principalement appuyée sur les archives des partis socialiste et communiste en oubliant- sauf deux ou trois exceptions – les archives du mouvement libertaire espagnol.
Malgré ces deux réserves (personnelles je le répète), force est de reconnaître que l’enquête de Sophie Baby est particulièrement fouillée et développée, remontant aux années d’après-guerre et nous décrivant « les dispositifs de mémoire et de justice , tour à tour mauvaise conscience du monde libre, modèle de réconciliation démocratique, championne de la justice universelle ou modèle d’impunité ».
Le combat mémoriel continue donc pour sortir définitivement d’une amnésie toujours entretenue par les forces réactionnaires d’une Espagne qui a du mal avec un passé douloureux. Mais douloureux surtout pour les vaincus de la guerre civile.
Le combat mémoriel ? Une affaire à suivre. Notamment en écoutant sur Radio libertaire (89,4) mercredi 24 avril à 17h00 l’émission « Au fil des pages ».

Ramón Pino
Groupe Salvador Seguí

 

Rimbaud, une poésie de la révolte ?

 

Mais qui est Rimbaud ? N’était-il pas un mythe de son vivant ? Comme le relève Yves Reboul dans son livre Rimbaud dans son temps paru chez Classiques Garnier, « c’est que, réellement, son rayonnement ne se sépare pas de mythes innombrables : l’enfant poète au génie déjà fulgurant ; l’adolescent révolté sur les barricades de la Commune ; l’époux infernal défiant Dieu, mais vivant dans sa chambre londonienne une aventure mystique à jamais indéchiffrable ; le trafiquant d’armes et, peut-être, d’esclaves ; l’agonisant miraculeusement réconcilié […] ». Ces images sont plus ou moins fausses, mais ce sont bien elles qui ont imposé l’œuvre au lectorat. « Et l’ascension du poète, autour de 1900, a dépendu presque entièrement de ces prestiges du mythe. » Le livre d’Yves Reboul est d’une grande intensité intellectuelle, fourmillant de références et alliant le genre de la biographie à l’analyse de l’œuvre rimbaldienne. Je vous laisse le plaisir de vous glisser dans les pages traitant de Jeanne-Marie la sorcière, les poux et les reines, Voyelles sans occultisme, quelques mots sur Mystique… Chacun peut retrouver des titres des poésies les plus marquantes. Et Rimbaud est loin d’être dépassé, un poète usé, il suffit de voir ces jeunes et adultes qui s’arrêtent et lisent les strophes du Bateau Ivre, sur les murs de la rue Férou dans le 6ème arrondissement de Paris. Il n’y a pas que de la curiosité. Chacun est touché par la richesse des images évoquées, la densité du vocabulaire, l’âge - 17 ans – de son auteur.

 

Verlaine le crée en partie, mais Félix Fénéon, inventeur de talents, qualifie les Illuminations d’œuvre « enfin hors de toute littérature, et probablement supérieure à toute. » A chaque lecteur d’en juger. Serait-ce une poésie de la révolte ?
Rimbaud a été interprété et trahi par Verlaine, par sa sœur et sa vision chrétienne, sans oublier Delahaye. Mais les textes nous sont livrés et libres sommes-nous de les lire comme bon nous semble. Chacun peut noter l’habilité des mots en s’appuyant sur sa culture latine, Rimbaud, un poète en latin.
On présente certaines de ses poésies de 1869-70 comme républicaines. Elles seraient plutôt athées, Les Pauvres à l’église, Accroupissements, Sœurs de charité. Le rejet de l’Eglise et des oripeaux est en lien avec son rôle dans le soutien à l’Empire. Rimbaud rejette aussi le mépris à l’égard de la femme conditionné par l’Eglise.

« Vers la bataille de Paris »
Et nous voyons apparaître la Commune de Paris. En ces temps d’avril-mai, intéressons-nous aux liens de Rimbaud avec ces évènements. Apparemment, il n’a pas vécu les barricades de mai 1871. Il n’arrive à Paris qu’en septembre. Pourtant, il écrit à un ami : « les colères folles me poussent vers la bataille de Paris ». Il sera accueilli par un groupe du Parnasse, le communeux d’idée n’est guère apprécié. Il faut se rappeler le conflit interne à la société française, la peur qui anime encore les sympathisants. Il refuse tout compromis et traduit son malaise dans Oraison du soir. Il rejette l’oppression, celle de l’école sous la férule de la Mère et celle de l’école parnassienne, « c’était tout un : dans les deux cas c’était l’Ordre de la Société, avec ses contraintes et sa violence cachée, qu’on avait affaire. Ne restait plus alors, on le comprend bien, qu’à choisir la rupture ».
Quelques poèmes font écho clairement à la Commune, Chant de guerre parisien, Les Mains de Jeanne-Marie mais compte tenu des risques et des silences évoqués plus haut, il se réfugie dans l’allégorie, « L’étoile a pleuré rose… » Dans Paris se repeuple, (un poème d’espoir ?) les images sont plus nettes :
« Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères,
Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau,
Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires
Un peu de la bonté du fauve renouveau…
»

Il y a d’autres images dans des poèmes postérieurs à la Semaine sanglante. Le Bateau ivre s’achève sur celle des pontons, symbole des prisons versaillaises. Quant à La Rivière de Cassis, elle est bien rouge de sang et fait songer aux pages de Louise Michel relatives à la Semaine sanglante et aux flots de sang se déversant dans la Seine près de la caserne Lobau. Comme le souligne Yves Reboul, « il est donc proprement inouï qu’on ait pu prétendre que l’inspiration politique avait disparu chez Rimbaud une fois la Commune tombée. » Dans des poèmes comme Le Dormeur du val, Rimbaud dénonce le mal, l’aliénation, l’horreur des violences. Par l’utilisation ô combien subtile, des majuscules, il énonce l’utopie de la Commune : les Hommes, les Ouvriers. Et derrière les Ruraux, il méprise les Versaillais.

Un feu d’artifice de culture rimbaldienne
L’analyse du parcours de Verlaine pendant la Commune est intéressant car peu connu. Lorsqu’ils partent tous deux pour Bruxelles et Londres, qui vont-ils rencontrer ? Des communards ! Vermesch et son journal L’Avenir, Lissagaray, Jules Andrieu et le Cercle des Etudes sociales. Rimbaud est assez proche d’Andrieu. Les divisions des exilés à Londres montrent les difficultés de construire un monde nouveau. Les rivalités avec Marx et les autoritaires occupent les esprits. Oui, ce parcours dans le camp des exilés est passionnant. L’Histoire ne s’arrête pas là. L’un des intérêts primordiaux de l’ouvrage Rimbaud dans son temps réside dans cette invitation à relire Après le Déluge, Jeunesse I et les Illuminations qui jettent un regard sur le monde. Allons, que de poésies citées et d’autres omises, c’est un feu d’artifice de culture rimbaldienne que nous offre Yves Reboul. Oui, Arthur Rimbaud, « Poète alors, et plus que jamais. Mais moins que jamais hors de son temps ».

• Yves Reboul
Rimbaud dans son temps
Ed. Classiques Garnier, réédition 2023

 

 

 

Gatti avant le théâtre

 

On connaît Armand Gatti pour ses pièces de théâtre, ses poèmes, voire ses films, son travail de journaliste mérite également d’être relu tant il contient nombre de thématiques qui se retrouvent dans ses interventions publiques des années suivantes.

 

Pour mémoire, Armand Gatti est né en 1924 (il meurt en 2017). Entré dans la Résistance en 1942, il est arrêté et parvient à s’échapper et participe aux combats de la Libération. C’est immédiatement après la guerre, qu’il entre à la rédaction du Parisien libéré où il rédige avec son ami Maurice Weil qui signe sous le nom de Pierre Joffroy, lui aussi tour à tour et parfois en même temps écrivain, dramaturge et reporter, des chroniques et des reportages sur la France de l’après guerre.

C’est un portrait blafard d’un pays qui se réveille après quatre années d’occupation et de collaboration qui est présenté dans ces chroniques. Les deux hommes écrivent à quatre mains des articles sans concessions. Plusieurs chroniques juridiques relatent les procès de la Libération comme celui de Je suis partout où il relate le soutien au nazisme de Lucien Rebatet et Pierre-Antoine Cousteau et sa condamnation à mort – qui est finalement commuée en de la prison à vie – qui, s’ils tentent de se justifier, ne renient rien de leur soutien au nazisme.

Les chroniques judiciaires sont un autre aspect, les chroniques des condamnations en correctionnelle surnommée l’abattoir des âmes. Gatti et Joffroy notent : « les magistrats ont rempli leur rôle qui est de sanctionner les atteintes faites à la loi. Fermons le code et révisons les jugements. Nous appelons à connaître devant un autre tribunal qui n’existe pas encore, devant un tribunal qui connaîtra les les pauvres corps et les pauvres âmes, un tribunal qui connaîtra la faiblesse de l’homme, mais aussi ses forces de repentir , un tribunal qui saura les conditions faites aux détenus et ce qui leur est offert à leur libération, un tribunal dont l’indulgence enfin sera l’expression de son impitoyable et inexorable confiance en l’homme. » Visiblement à lire la suite des chroniques tel n’était pas le cas. En dépit des multiples suppliques envoyées par les personnes détenues.

Deuxième thème, les chroniques de la pauvreté, du dénuement et de la misère comme ce reportage sur Robert David, personnage inventé, synthétisant plusieurs personnes, ce jeune garçon récemment installé à Paris, travaillant pour des salaires de misère et vivant dans des conditions pénibles, mais animées par l’espoir d’une vie meilleure. Le reportage à l’armée du salut montre aussi un visage de la misère sociale et affective.
Les articles rendent aussi compte de la vie des exilés des quatre coins de l’Europe dont les itinéraires sont variés à l’image de prince Nicolas O. fuyant les bolcheviques qui participe à la résistance avant d’être déporté à Buchenwald ou de Michel Marzor, avocat, ancien participant à l’insurrection du ghetto qui en fait un récit poignant.

Enfin, ce sont aussi les conflits sociaux. En octobre 1957, Gatti se rend à Nantes pour couvrir une grève des dockers de Saint-Nazaire. Deux ans après la mort lors d’une manifestation de Jean Rigolet, un ouvrier du bâtiment tué par la police, les CRS ont toujours la main aussi lourde. Gatti est assommé à coup de crosse de fusil. La photographie du visage tuméfié est explicite. Il porte plainte qui sera classé sans suite…
Visiblement tout n’a pas changé dans ce beau royaume de France…

La voix qui nous parle n’a pas besoin de visage
(Chroniques et reportages)

Armand Gatti et Pierre Joffroy
Gallimard 2024 360 p. 22 €

par Sylvain Boulouque

 

 

 

Révolutionnaire sans texte

 

La collection Le peuple du livre publiée par les éditions L’Échappée, après s’être penchée sur Le Jeune Ragon (par Thierry Maricourt) et la collection Little blue book (par Goulven Le Brech), propose un nouvel ouvrage sur les livres-gravures de Franz Masereel intitulé Histoires sans parole. Rédigé par Samuel Dégardin l’un des meilleurs spécialistes de l’artiste, dessinateur et écrivain – il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur son œuvre – propose une analyse fouillée autour de ce moment particulier dans son œuvre, ses livres sans paroles
Franz Masereel est né en 1889 dans la bourgeoisie belge. Formé intellectuellement par son beau-père, proche des milieux libres penseurs, il suit les cours de l’école de dessin. C’est au début des années 1910 qu’il rencontre les groupes libertaires à Paris. Au contact des artistes bohèmes parisiens, il se familiarise avec le style de la gravure sur bois dont il devient vite un des meilleurs pratiquants.

 

Lors de la Première Guerre mondiale, se réfugie en Suisse, où il rencontre Stéphan Zweig et Romain Rolland. Il utilise ses talents artistiques pour dénoncer la guerre comme en témoigne ses descriptions du conflit dans Demain ou Les Tablettes.
Après la guerre qu’il atteint son apogée à la fois stylistique et créatrice, publiant en quelques années plusieurs récits baptisés
Histoires sans paroles. Ces livres sont le centre de l’ouvrage, l’auteur analyse chacun des textes.
Masereel est passionné par la question sociale,
Les 25 images de la passion d’un homme, illustre la vie et les luttes du syndicaliste libertaire de la Loire Clovis Andrieux. Lui succède, Mon livre d’heures, qui décrit sa perception de la vie mélange d’hédonisme et de passion pour la justice. Le Soleil peut être pris comme une allégorie des espoirs de la fin de la guerre et de la grande lueur à l’est. En effet, Masereel se rallie au bolchevisme. Il publie ensuite plusieurs récits graphiques comme Histoire sans paroles et Idée décrivant les métamorphoses de la société des années ou La Ville qui illustre les transformations des cités. Dès le début des années vingt, il devient compagnon de route accompagnant la propagande soviétique, comme en témoigne Du noir au blanc. Il continue à dessiner et prolonge son action militante après la guerre jusqu’à sa mort en 1972 comme l’explique l’auteur. Samuel Dégardin accompagne son propos de nombreuses analyses sur la fabrication des estampes, la diffusion des livres. Il analyse aussi les postérités de Masereel. Plusieurs artistes libertaires comme Hélios Gomez utilisent des gravures sans paroles pour montrer les transformations sociales dans l’Espagne révolutionnaire. Plusieurs de ses épigones se retrouvent également dans les dessins de propagande de la mouvance communiste.
Un beau livre pour sa qualité graphique, la mise en page soignée et la précision du propos.

Sylvain Boulouque


Histoires sans paroles
Samuel Dégardin
L’échappée 2024 316 p. 24 €

 

Attention aux apparences !!

 

« Le Grand Paris Express est un projet en cours de construction d’un nouveau réseau de transport en commun autour de Paris. D’ici 2030, après une vingtaine d’années de travaux, quatre nouvelles lignes automatiques entoureront la capitale en traversant la petite couronne. Dans le même temps, les lignes 11 et 14, déjà existantes, seront étendues. Ainsi aux quatorze lignes bien connues des voyageurs franciliens s’ajouteront la 15, la 16, la 17 et la 18 qui permettront des interconnexions entre villes de banlieue et pôles d’activité, sans passage obligé par la ville-centre. » Cette description donne un sentiment de gigantisme qu’il faut relier aux travaux pour les Jeux olympiques. Anne Clerval et Laura Wojcik, dans leur livre Les Naufragés du Grand Paris Express, publié aux éditions Zones, déchirent le voile de ces apparences. En effet, « Au-delà des nouvelles lignes de métro, on a là un vaste projet urbain de restructuration du cœur de l’agglomération, avec la construction de nouveaux quartiers de gare et la volonté de faire émerger une gouvernance à l’échelle métropolitaine par le biais de la Métropole du Grand Paris (MGP). Les enjeux dépassent largement les déplacements quotidiens des Franciliens. Il s’agit d’affronter la concurrence internationale des métropoles globales et d’abord celle de Londres. »

 

Nous assistons à la disparition du ghetto réel ou supposé par la démolition des logements sociaux et la question posée reste celle de savoir où sont logés les déplacés ou expulsés. De plus, les activités économiques sont exurbanisées en créant une métropole polycentrique, sans oublier l’émergence d’une gouvernance métropolitaine dans un contexte néolibéral. Pour qui réside en région parisienne, les témoignages repris dans le livre et les constructions, les travaux incessants tels que décrits font écho au quotidien des franciliens. Le livre entend proposer des clés de compréhension de ce projet complexe et peu approprié par ses habitants. Comment s’y retrouver ? Les courriers de la Société des grands projets reliés par la SEGAT, société privée opérateur foncier mandatée le Grand Paris jettent la confusion dans les esprits. Les petits pavillons ne sont pas détenus par des gens fortunés, les habitants des logements sociaux connaissent les pressions, le harcèlement, le préjudice moral de quitter le logement où l’on a toujours vécu et où l’on pensait finir sa vie. La dimension humaine est ignorée par les pouvoirs publics dont le souhait est d’annihiler la banlieue.

La mixité sociale, une sinistre plaisanterie
Les autrices expliquent très clairement le dispositif institutionnel qui débute avec une approche souple initiée par Bertrand Delanoë, alors maire de Paris. Puis Sarkozy prend la main brutalement, suivi par Hollande, une culture du consensus politique, élus locaux et pouvoirs publics considèrent y trouver leurs comptes. Rares sont les maires imposant une part de logements sociaux. On ne règle pas les problèmes sociaux, on s’en débarrasse. La gentrification de la première couronne de la région parisienne est une réalité, la grande couronne prend le même chemin. Les réseaux de transport se développent ? Construisons autour des gares 78 nouveaux quartiers en les confiant à de promoteurs privés qui achètent à bas prix pour concentrer une nouvelle population. La pauvreté est ignorée, les écarts se creusent, le coût du logement explose. La destruction des logements sociaux est aussi très bien traduite par les exemples d’Aulnay-sous-Bois, Romainville, Aubervilliers, Issy-les-Moulineaux, Villiers-sur-Marne. La montée en gamme touche même les mairies communistes. L’analyse des politiques d’urbanisation est très intéressante. La mixité sociale est une sinistre plaisanterie. Nous voyons les effets : on rejette les pauvres de plus en plus loin. La connexion entre les intérêts publics et privés implique un changement de population et le Grand Paris en est le vecteur.

Aucun projet politique progressiste
Aujourd’hui, il n’y a plus de projet politique progressiste pour la région d’Ile-de-France. Pourtant, la gauche a toujours été porteuse de perspectives innovantes. Dans la première moitié du vingtième siècle, Henri Sellier, maire socialiste de Suresnes, président du conseil général de la Seine, promeut les cités-jardins qui font l’objet de destructions systématiques par les maires de droite aujourd’hui. Les autrices font aussi référence au livre d’Henri Lefebvre, Le Droit à la ville, un ouvrage à relire. Il peut inspirer les initiatives locales, la socialisation des luttes. Elles insistent aussi sur une démarche autogestionnaire. Clairement, ce livre est outil d’analyse et de réflexion pour mener les luttes urbaines. A mettre en lien avec le livre de Jade Lindgaard, Paris 2024, une ville face à la violence olympique Ed. Divergences, 2023 (Site du Monde libertaire, Chronique du temps réel du 17 mars 2024)

Laissons-leur la parole : « Insistons sur le fait que les questions urbaines qui se posent aujourd’hui, comme le manque de logements, la distorsion entre les lieux de travail et les lieux de vie, l’inadaptation des emplois aux possibilités des habitants, sont liées aux apories de la ville capitaliste et que prétendre les régler sans remettre en cause les fondements de ce système est vain. […] Le droit à la ville ne porte pas tant sur la façon d’aménager la ville […] que sur son organisation politique même, sur un mode de production de l’espace réellement approprié par ses habitants. »

• Anne Clerval, Laura Wojcik
Les naufragés du Grand Paris Express
Ed. Zones, 2024

 

 

 

Une hécatombe oubliée dans l’Océan Pacifique

 

Le choc de la rencontre entre les conquérants européens conduit par Magellan, Cook, de Bougainville et les peuples océaniens ne fut pas que culturel et économique. Il se traduisit par une hécatombe. D’environ 3 millions d’habitants, la population se réduisit à quelques 400 000 individus avec des îles quasiment désertifiées comme Rapa Nui, la célèbre Ile de Pâques (10 000 habitants en 1720, une petite centaine en 1880). Et ce n’est pas que la responsabilité de la France mais bien de tout un continent qui déverse, du XVIe au début du XXe siècle, maladies, turpitudes, méfaits, esclavages, destructions de grandes cultures.

 

Archéologue installé en Nouvelle-Calédonie, Christophe Sand s’appuie sur ses constats de concentrations d’habitat et de lieux de cultes pour s’interroger sur le nombre d’habitants dans ces îles. Il lit de nombreux témoignages d’envahisseurs (les trois M, les militaires, les missionnaires, les marchands). Et nous propose son livre Hécatombe océanienne, Histoire de la dépopulation du Pacifique et ses conséquences ( XVIe -XXe siècle), publié aux éditions Au vent des Îles en 2024. Insistons sur cette maison d’édition. Je cite leur présentation. « Fondée en 1990 à Tahiti en Polynésie française, Au vent des îles publie des auteurs du grand Pacifique et des ouvrages relatifs à l’Océanie. Région vaste et lointaine, méconnue quand elle n’est pas simplement fantasmée. Nos auteurs, résolument ancrés sur leur île mais façonnés par une histoire commune, imprègnent leurs écrits d’une ambition partagée : donner à lire l’Océanie autrement. » Leur catalogue est d’une grande richesse et d’une belle diversité. A découvrir !!

Des sociétés saccagées par les explorateurs
Revenons-en à cette hécatombe. Qui en a fait l’histoire ? Personne. Les témoins occidentaux se sont contentés de mettre en cause les mœurs des habitants avec toujours le mépris du dominant. Dans son livre, Christophe Sand nous invite à découvrir les différentes îles de la Mélanésie, de la Microsénie, de la Polynésie, tout comme les différentes sociétés. Je vous renvoie à un livre commenté récemment dans la chronique Des Idées et des Luttes du 2 mars 2024, Collectif, direction de Pierre Singaravélou, Colonisations. Notre histoire, Ed. du Seuil, 2023. Les deux se complètent et donc s’enrichissent. Les populations sont nombreuses au moment des découvertes, l’Océan Pacifique recouvre un tiers de la surface de la Terre. On remonte sur des milliers d’années pour couvrir des milliers de kilomètres de voies de commerce. La vie et les échanges n’ont pas commencé avec les explorateurs européens. Le livre se construit autour de huit chapitres, le premier couvre la longue période d’exploration de l’Océanie par les pays européens et les conditions sanitaires sur les bateaux. Un deuxième chapitre aborde les grandes pandémies historiques et détaille les maladies introduites par les européens (tuberculose, MST diverses, variole, scorbut). Les conséquences sur des habitants non immunisés sont effroyables. Certes, il existe des maladies endémiques comme la goutte et l’éléphantiasis mais ces nouvelles maladies sont radicales comme sur les peuples d’Amérique. Très tôt les indigènes sont conscients des maladies introduites par les marins et les animaux importés. En cinq chapitres, Christophe Sand développe son analyse sur les différentes îles pour expliquer chiffres et tableaux à l’appui, la chute des populations. Certaines îles sont touchées à 95 %. Et cela se poursuivra jusqu’au milieu du XXe siècle. Un chapitre final propose « une synthèse finale chiffrée des données dans une approche régionale permettant de discuter l’impact de cet effondrement sur les organisations sociales, symboliques et politiques des populations insulaires ».

« Le traumatisme historique transgénérationnel »
Expliquer cette hécatombe par les maladies serait insuffisant, presque une fuite pour évacuer la responsabilité des européens colonisateurs. Des razzias, des destructions d’habitat, l’envoi en esclavage dans les mines du Pérou, en Australie, sur l’île de Guam, l’exploitation de la population en Nouvelle-Calédonie, la pollution des lieux de vie. Evidemment la pensée colonialiste, le racisme contribuent largement à modifier les comportements. La christianisation détruit les croyances traditionnelles. Le traumatisme est intense encore aujourd’hui, c’est une source de défiance des Océaniens envers les Occidentaux. A l’occasion de la crise sanitaire du Covid, certaines populations se sont repliées sur leurs îles.
Laissons la parole à Christophe Sand : « C’est en explicitant les éléments centraux du traumatisme historique transgénérationnel, qui continue au XXIe siècle à affecter les sociétés insulaires, que pourra être assumée la totalité de cette histoire complexe. En mettant en perspective les traumas de la période coloniale, les peuples du Grand Océan peuvent s’en libérer, en « guérir ». Et façonner un futur apaisé… »

• Christophe Sand
Hécatombe océanienne, Histoire de la dépopulation du Pacifique et ses conséquences ( XVIe -XXe siècle)
Ed. Au vent des Îles, 2024

 

 

 

Combo DVD Bleuray:

Dessin de la semaine

Les fleurs du mâle

Ni dieu ni maître,mieux d'être

                                            (Jacques Prevert)

Communiqué de l'UCL

Appel à mobilisation : En Bretagne, la riposte antifasciste s’organise

 

Ce 21 avril 2024, une mobilisation large et unitaire est appelée à Saint Brieuc pour contrer la montée du fascisme, faisant écho à une recrudescence de l’implantation des réactionnaires dans une région qui semblait jusque là préservée.

 

Depuis plusieurs années maintenant, les agressions et actes fascistes s’accumulent en Bretagne.

 

Un bilan inquiétant...

 

Même si le devant de la scène a été occupé par les événements de Callac, où des militants d’extrême droite se sont mobilisés contre l’ouverture d’un centre d’accueil pour demandeur-ses d’asile, cela n’a été que la partie la plus visible d’une recrudescence importante dans cette région. Agressions de militant·es, émergence de groupuscules néo­nazis ou faisant l’apologie d’une «  identité bretonne  » fantasmée, attaques LGBTQIphobes, journal­istes menacé·es, la liste est longue et révélatrice d’un mouvement inquiétant, qui touche une région historiquement éloignée des votes RN et qui semblait jusque là préservée de la frange la plus radicale de l’extrême droite.

 

Pour autant, il serait trompeur de parler d’une totale nouveauté. Déjà dans les années 2000, le parti ADSAV, se définissant de droite nationaliste, tentait de s’approprier l’espace public en mêlant indépendantisme breton et islamophobie. Même si ce groupe a été dissous, d’autres ont émergé, et peuvent compter sur des outils de propagande à l’instar de Breizh Info, un média d’extrême droite assumée. Plus récemment, on a pu assister à la création du groupe « An Tour Tan » à Vannes ou encore de celui « l’Oriflamme » à Rennes, qui ne se contentent pas ­d’être actifs sur les réseaux sociaux, et multiplient les actions et attaques ciblées.

 

… qui appelle une réponse forte, unitaire et solidaire 

 

À Saint-Brieuc, un  front commun antifasciste » s’est créé en réaction aux nombreuses attaques, et appelle ce 21 avril à une large manifestation. Cette date n’est pas anodine, puisqu’elle a été choisie d’une part en écho à la mobilisation de 2002 contre la première arrivée au second tour du FN aux élections présidentielles, mais aussi en relai de la marche contre l’islamophobie et le racisme organisée le même jour à Paris. 

 

Cet appel, auquel s’associent les groupes UCL de l’Ouest, revêt plusieurs objectifs. Tout d’abord, organiser une manifestation massive à l’échelle régionale a une portée symbolique forte, d’autant que la liste des signataires a été ouverte, outre aux collectifs et organisations politiques et syndicales, aux commerçant·es ou encore aux asso­ciations locales.

 

Mais cela permet aussi de mettre en lien tous·tes celles et ceux qui, à leur échelle, tentent de lutter contre les idées racistes, sexistes et xénophobes. De nombreux groupes antifascistes se sont montés récemment, des débats et formations se multiplient également dans l’espace public, dans les syndicats et les lieux militants, permettant d’espérer une réponse la plus large et unitaire ­possible.

 

Florence (UCL Lorient)

 

 

 

Retour « au taf », les syndicalistes autogestionnaires et libertaires !

 

Le mouvement social de 2023 pour la défense des retraites a montré à quel point le syndicalisme de lutte restait un acteur incontournable de la lutte des classes... mais aussi à quel point il était affaibli. Plusieurs questions engagent son avenir : où en est l’axe CGT-FSU-Solidaires ? l’impératif écologique ? l’égalité femmes-hommes ? le rôle des minorités sexuelles ou racisées en son sein ? Les syndicalistes libertaires et autogestionnaires proposent d’en débattre publiquement.

 

Après le succès de la première édition à Montreuil en 2022, on remet ça dans la capitale des Gaules. Ce sera à la Maison des Italiens, 82 rue du Dauphiné, à Lyon 3e. Réservez votre week-end !

 


 

AU PROGRAMME
(les intervenant·es seront bientôt précisé·es) :

 

Samedi 25 mai

 

  • Ouverture à 13h30

  • 13h45-14h : Prises de parole inaugurales

  • 14h-15h30 : table ronde n°1 : Syndicalisation des secteurs féminisés

  • 15h30-16h30 : table ronde n°2 : Quel syndicalisme pour les luttes trans

  • 16h30-17h : pause

  • 17h-18h30 : table ronde n°3 : Construction et unification du syndicalisme de lutte

  • Soirée festive

 

Dimanche 26 mai

 

  • Ouverture à 10h

  • 10h-12h : temps interne UCL

  • 12h-13h : pause repas

  • 13h-14h : table ronde n°4 : Pratiques syndicales pour la sociabilité ouvrière

  • 14h-15h : table ronde n°5 : L’outil syndical pour un écologisme de classe

 


 

Communiqué FA:

Manifestation régionale antifasciste à Saint-Brieuc, le 21/04ANTIFASCISTES PARCE QU’ANARCHISTES !

 

Face à l’emprise croissante de l’extrême droite depuis 40 ans, et à ses manifestations agressives en Bretagne depuis quelques années, nous partageons un constat d’urgence à répliquer avec nombre d’organisations politiques et d’individus. La création d’un « Front commun antifasciste » [https://frontcommun22.wordpress.com/], très large, en témoigne. Et si nous assurons de notre soutien sans faille toutes celles et ceux qui luttent contre le fascisme ou en sont directement les cibles (personnes racisées, handicapées, LGBTQI+, femmes, militant.e.s…), nous pensons que la riposte doit être radicale (qui va à la racine du problème), c’est-à-dire libertaire.

Instrumentalisant la perspective d’une prise de pouvoir fasciste, parfait épouvantail depuis les années Mitterrand, les partis dits « de gouvernement » naviguent eux-mêmes entre autoritarisme du capital et processus de fascisation. Depuis longtemps, profitant des confusions idéologiques et d’une police largement acquise à sa cause, l’extrême droite a troqué la chemise brune pour le costard-cravate, et actuellement, c’est le macronisme qui paye le tailleur. Nous considérons donc que l’arrivée probable du RN au gouvernement ne fera qu’« officialiser » un rapport de force déjà présent. Les lois séparatisme et immigration, l’opération Wuambushu, le contrôle des vêtements des écoliers et plus particulièrement des écolières (que ce soit l’interdiction de certains ou l’obligation d’autres), le SNU, le simulacre de dialogue social ou encore la militarisation de la police en sont des preuves.

Face à une trajectoire présentée comme inéluctable par les médias à la botte, nous ne compterons ni sur un prétendu « barrage » aux prochaines élections, qui chaque fois nourrit l’illusion démocratique sans transformer la situation, ni sur l’attente du « grand soir », qui immobilise devant l’ampleur d’un programme jamais appliqué.Hier comme aujourd’hui, le nationalisme reste la base mortifère du fascisme. C’est une nécessité vitale de le combattre tant l’horizon est bouché. Contrairement à nos ennemis idéologiques, nous revendiquons clairement notre chemin politique : entraide, liberté, égalité, fédéralisme, internationalisme.

Pour sortir de l’impuissance, nous pensons qu’il faut concrètement promouvoir nos pratiques, s’impliquer dans les espaces existants et construire de nouvelles initiatives d’émancipation qui puissent inscrire notre force dans le temps, par exemple :
• des opérations d’entraide matérielle pour enrayer par nous-mêmes la misère et l’exploitation, notamment dans l’exil (caisses de solidarité, cantines, squats…) ;
• des actions de lutte sociale (dans et hors les syndicats) pour conquérir notre autonomie, en socialisant les moyens de production et en se débarrassant de ceux qui sont délétères ;
• des lieux de diffusion et de développement de la culture et des pratiques anarchistes, pour dissiper les confusions politiques (bibliothèques, lieux de spectacle autogérés, pédagogie libertaire, épiceries autogérées…).

Ce combat contre le fascisme est global et se contenter d’une lutte locale n’aurait pas de sens. Il serait vain d’espérer des avancées ici si de l’autre côté de la frontière on exploite encore notre classe sociale. C’est pourquoi nous appelons aussi à soutenir politiquement et matériellement nos camarades qui se battent à travers le monde contre les États autoritaires (que ce soit au Moyen-Orient, en Inde, en Hongrie, en Argentine, au Soudan…), ainsi qu’à bloquer, saboter les entreprises et institutions impérialistes sur notre propre territoire (arsenal, banques, laboratoire, entreprise coloniale…).
La montée des autoritarismes est un phénomène mondial, par conséquent, il est urgent de renforcer le fédéralisme libertaire en Bretagne et dans le monde. Nous ne voulons pas de patrie ! Nous proposons donc aux orgas, collectifs et individus qui partageraient ces points de vue libertaires de se retrouver dans un cortège rouge et noir lors de la manif antifasciste régionale le 21/04 à Saint-Brieuc, en toute diversité organisationnelle et tactique. Ce sera l’occasion d’exprimer notre solidarité contre les agressions néo-fascistes, de tenir la rue et de rendre visible notre détermination à vaincre, à court, moyen et long termes, la flambée de l’extrême droite qu’attise le système capitaliste.

Nous voulons vivre libres ! Agissons pour développer l’anarchie, et c’est à la racine que l’on détruira le fascisme !

Des groupes de la Fédération Anarchiste en Bretagne

 

 

 

Communiqué CNTSO:

Premier mai : journée internationale de luttes des travailleurs et des travailleuses

 

A l’occasion du 1er mai 2024, les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes réaffirment leur volonté de pratiquer un syndicalisme internationaliste, s’appuyant sur les luttes décidées démocratiquement à la base, avec comme perspective de les faire connaître, de les soutenir, de les coordonner à l’échelle internationale.

 

Notre syndicalisme est anticapitaliste, féministe, anti-impérialiste, autogestionnaire, antiraciste, écologiste … Mais cela doit se retrouver dans nos actions, à la base, dans les entreprises et dans les localités, pas seulement dans les déclarations. Le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, en faisant circuler les informations, en facilitant les échanges, est un outil pour cela.

 

Syndicalistes, nous sommes pour la paix, contre les guerres ; les massacres capitalistes se font sur le dos des travailleurs, des travailleuses et des peuples. Nous sommes pour le désarmement, contre la militarisation. Nous sommes pour la satisfaction des besoins sociaux, contre les économies dites de guerre. Nous sommes pour le développement des emplois socialement utiles, dans des conditions permettant l’émancipation sociale de tous et toutes, contre la confiscation des produits du travail par une minorité de capitalistes, actionnaires et patrons.

 

Nous sommes pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à se défendre pour cela, contre tous les impérialismes et colonialismes, les invasions de territoire, les occupations militaires et les discriminations de toutes sortes.

 

Nos priorités sont celles définies à travers nos 5 rencontres internationales, dont la dernière s’est tenue à Sao Paulo en 2023, et la prochaine se tiendra à Milan, en 2025 :

 

1) La défense des droits de la classe ouvrière contre l’exploitation capitaliste qui conduit à la précarité, à la sous-traitance, à l’ubérisation…

 

2) Un syndicalisme combatif basé sur la démocratie ouvrière. Un syndicalisme de transformation sociale, pour une rupture révolutionnaire.

 

3) L’indépendance de la classe ouvrière vis-à-vis de tous les gouvernements et des patrons.

 

4) Le refus des plans d’austérité imposés par les gouvernements au service du capital.

 

5) L’opposition à toutes les formes d’oppression : sexisme, racisme, lgbtqi+phobie, xénophobie ou validisme.

 

6) La lutte contre la destruction de l’environnement, en défense de la vie.

 

7) La lutte contre le colonialisme et le néocolonialisme dans le monde entier.

 

8) La défense de l’auto-organisation, de l’autogestion, de l’autodéfense et des autres formes de pouvoir de la classe ouvrière.

 

9) La lutte contre l’extrême droite, pour les libertés démocratiques et contre la répression.

 

10) Le refus de la criminalisation des luttes.

 

11) Le refus de la course impérialiste aux armements ; non aux guerres capitalistes !

 

  1. La solidarité internationale.

 

 

 

CNT 31:

 

CNT 31

 

A travers son projet de loi de "Simplification du travail" le gouvernement entend précariser les salariés et en premier lieu démanteler les conventions collectives.

 

En s’attaquant à la reconnaissance des métiers, la bourgeoisie confirme son choix de casser le travail pour imposer sa politique des compétences comportementales, et à travers elle la culture de la soumission.

 

Alors que la majorité des salarié(e)s ne trouvent plus de sens à l’activité professionnelle qui leur est imposée, nous estimons que la crise de civilisation ne pourra être dépassée que par la revalorisation des métiers et leur reconnaissance.

 

Le SLCBA-CGT31 appelle donc toute la profession à se mobiliser pour défendre un choix de société où le travail s’exercera au service de la communauté et non pas pour alimenter la soif d’accumulation de richesses artificielles par une minorité jamais rassasiée.

 

 

 

DE ROME À PARIS, VIVE L’ANARCHIE - SOUTIEN AU GROUPE CARLO CAFIERO

 

Le groupe anarchiste Carlo Cafiero de la FAI avait appelé à un rassemblement pour résister à son expulsion du Spazio Anarchico 19 Luglio, aujourd’hui 17 avril 2024, par le parti néo-fasciste de Giorgia Meloni au gouvernement du pays et de la région.

Ce local, lieu de solidarités et de culture militante, point de rencontre de l’anarchisme en Italie, ne peut disparaitre, même la presse non anarchiste s’en est émue. Cette affaire apparaît comme une opération politique de répression sous prétexte d’occupation illégale, puisque le groupe avait fait les démarches et avait rendez-vous le 6 avril pour bénéficier de la loi de régularisation de 2016 quand l’ordre d’expulsion est arrivé...

La FA s’est mobilisée pour exprimer sa solidarité, un communiqué des relations internationales le 8 avril, une interview en direct sur Radio Libertaire et un rassemblement militant aujourd’hui à 19h devant Publico (photo ci-dessus).

Aujourd’hui les compagnes et compagnons de Rome étaient sur les lieux dès 6h30 du matin. L’huissier est venu après s’être rendu au commissariat de quartier leur signifier un report de l’expulsion au 20 juin.

Le Monde Libertaire continuera à soutenir cette lutte et à relayer les informations.

La résistance a porté ses premiers fruits et la lutte continue !

 

 

 

Le lycée autogéré de Paris : chronique d’un démantèlement annoncé

 

(Extrait de texte distribué à la journée de rencontres de l’émancipation scolaire à Paris, le 16 mars 2024)

 

« Récemment, vendredi 24 février, à la veille des vacances, le DASEN (directeur académique des services de l’éducation nationale) se rend au lycée autogéré de Paris, pour faire état à une assemblée, composée d’élèves et de professeurs, des décisions prises par la hiérarchie. Ces décisions font suite aux « préconisations » d’une enquête administrative […].
Un peu avant… en juin 2022, le rectorat refuse de renouveler la convention qui encadrait le fonctionnement dérogatoire du LAP depuis 2011, en précisant que des principes du fonctionnement doivent être rediscutés […]. Il semble bien que ce soient des éléments du fonctionnement du lycée qui posent problème à la hiérarchie, mais à ce stade, elle ne l’assume pas frontalement […]. Ainsi sera diligentée une enquête administrative. Soixante-dix auditions se tiennent au rectorat et au ministère sans qu’aucun inspecteur ne juge nécessaire d’observer le fonctionnement du LAP […]. Ses conclusions se veulent sans appel et ont pour but d’enterrer définitivement le projet du lycée autogéré. En comparaison, une enquête administrative sur le lycée privé Stanislas, n’a entraîné aucune remise en cause structurelle. Un acte de contrition permettrait-il, à lui seul, de tourner la page […] ?
Même si le rectorat affirme qu’une suspension n’est pas une sanction, qu’en est-il pour les suspendus ? Pour les quatre professeurs suspendus à la rentrée de février, cela signifie que leurs projets, tout ce qui est en cours, et plus largement tout ce qui constitue leur travail s’interrompt brutalement. Ils ont désormais l’interdiction de se rendre au lycée, de rentrer en contact avec leurs collègues et élèves […]. Pour la plupart, il leur serait reproché une « méconnaissance du devoir d’obéissance », en somme de ne pas avoir dénoncé à la proviseure de tutelle des événements tenant de la vie politique et sociale du lycée. Il leur serait aussi reproché leur présence lors d’une occupation de l’établissement par des élèves […]. Il s’agit bien de la fin possible d’un établissement important et symbolique, d’un lycée qui sauve de nombreuses personnes qui ont eu de très mauvaises expériences au sein d’établissements traditionnels. La fin d’un lieu émancipateur, autogéré, existant depuis 42 ans. Nous comité de soutien du lycée autogéré et de son équipe, défendons l’existence de cette institution et de tous ceux qui la font vivre, et nous opposons à toutes ces attaques qui ont lieu à 360 degrés. »

Des représentant.e.s du LAP seront présents au colloque Education autogestionnaire, coopérative et libertaire organisé par le groupe Commune de Paris à l’AERI de Montreuil, 57, rue Etienne Marcel, le 27 avril 2024.

Synthèse réalisée par Hugues, gr. Commune de Paris
Réunion du comité de soutien, tous les lundis soir à 19 h, Bourse du travail de Paris, 3 rue du Château d’eau.
Pour tout contact : vivelelap@riseup.net et sur lap.espivblogs.net

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=3ymjnILRclQ&embeds_referring_euri=https%3A%2

 

Presse:

L'empaillé:

 

Bonjour à tous et toutes, 

Il nous reste jusqu’au 31 décembre à minuit pour réunir une somme 
suffisante afin de financer au mieux l’agrandissement de la diffusion de 
l’Empaillé à une dizaine de départements. Jusqu’ici, nous avons récolté plus de 10 000 euros dans la cagnotte mise en ligne. Il nous en faut au 
moins le double dans les trois semaines qui viennent, alors c’est le 
moment de mobiliser vos porte-feuilles, ceux de votre entourage, de 
votre association, syndicat ou organisation politique : chaque euro 
compte pour nous permettre des envois du premier numéro gratuitement à des milliers d’associations, bibliothèques, centres sociaux, bars ou librairies pour nous faire connaître ; pour envoyer des colleurs et colleuses d’affiches de Bordeaux à Limoges afin d’annoncer la nouvelle ; pour lancer une commande de centaines de présentoirs en bois qui trôneront dans des centaines de nouveaux lieux de notre réseau d’auto-diffusion ; pour régler l’addition à l’imprimeur du tirage porté à 40 000 exemplaires ; pour aider au financement d’une équipe élargie à cinq postes de salarié-es afin de faire vivre cette publication et relayer davantage les luttes et les combats de cette partie du pays. 
Comme d’habitude, de notre côté on lâchera rien et on est dans les 
starting-blocks pour lancer cette nouvelle formule de l’Empaillé. Alors 
merci d’avance de diffuser cet appel ; donnez ce que vous pouvez, 
abonnez-vous, réabonnez-vous et à très bientôt ! 
Hauts les cœurs ! 

L’équipe de l’Empaillé